MSD MAG n°11 – Bien-être et praticien sont intimement liés
Sommaire
- Bien-être et praticien sont intimement liés
- Bien-être animal : moteur de l’industrie agro-alimentaire
- Ces objets connectés qui nous font du bien !
- Quand les animaux sont vecteurs de bien-être
- Être bien, un état d’esprit
Management
Bien-être et praticien sont intimement liés
Communication
Bien-être animal : moteur de l’industrie agro-alimentaire
Le bien-être animal fait dorénavant partie des exigences de l’Industrie agro-Alimentaire, qui en fait un atout sur les marchés matures et le met aussi en avant pour conquérir les marchés émergents.
Le bien-être animal, une notion relativement récente
La première définition relative au bien-être animal remonte à 1993. Elle a été produite par le FAWC (Farm Animal Welfare Advisory Committee), organe consultatif indépendant créé par le gouvernement de Grande-Bretagne.
Cette définition précise alors les 5 libertés dont doit disposer tout animal :
- Il ne doit souffrir ni de faim, ni de soif
- Il ne doit pas souffrir d’inconfort
- Il ne doit pas souffrir de douleurs, blessures ou maladies
- Il doit pouvoir exprimer les comportements naturels propres à son espèce
- Il ne doit pas éprouver de peur ou de détresse.
Puis, en 1999, sort une série d’articles sur le bien-être animal, dans lesquels celui-ci apparaît comme la perception par l’animal de la satisfaction de ses besoins et de sa qualité de vie. Au regard de la difficulté à mesurer les émotions des animaux, l’OIE s’appuie alors sur l’avis d’experts pour décider d’évaluer le bien-être animal selon des bases scientifiques en définissant plusieurs items (confort suffisant, bon état nutritionnel, bon état de santé, aptitude à exprimer un comportement naturel, sécurité, absence de souffrances). Plusieurs associations dont Welfare quality vont proposer des indicateurs (par exemple la motricité pour appréhender les boiteries) et pour chaque indicateur, une grille d’observation, une méthode de calcul et des seuils d’interprétation et des mesures à prendre.
Des besoins des animaux aux attentes de la société*
Le bien-être des animaux est devenu une préoccupation sociétale forte. Fin 2015, 94% des Européens (27 682 citoyens de 28 états membres interrogés) considèrent que le bien-être des animaux de ferme est capital et 82% qu’il faudrait l’améliorer. 59% assurent être prêts à payer des produits affichant le respect du bien-être des animaux plus cher (35% jusqu’à 5% plus cher et 3% jusqu’à 20%).
*Vetfutures, une vision de la profession vétérinaire en 2030. Nov. 2015. www.vetfutures.org.uk
Gestion du bien-être animal : stratégique pour les filières alimentaires
En 2016, de grands groupes agro-alimentaires (Danone, Nestlé, Fonterra) ont participé activement au développement de la norme internationale ISO DTS 34 700 (Gestion du bien-être animal – Exigences générales et orientations pour les organisations des filières alimentaires). Danone aux Etats-Unis et le géant laitier néerlandais Friesland Campina cherchent à intégrer le bien-être animal aux attributs de la marque. Idem pour Lactalis avec son lait Lactel.
Bon à savoir
93 % des Européens jugent que les produits importés doivent respecter les mêmes standards de bien-être que ceux retenus en Europe. 86% estiment que l’Europe doit être en première ligne pour promouvoir le bien-être animal. Les jeunes sont particulièrement concernés pour obtenir davantage d’informations sur le bien-être animal.
Digital
Ces objets connectés qui nous font du bien !Les Français sollicitent de plus en plus les objets et services connectés autour de leur bien-être. Cette tendance encourage les professionnels de santé à s’approprier ces objets pour améliorer leur relation au patient.des Européens jugent que les produits importés doivent respecter les mêmes standards de bien-être que ceux retenus en Europe.
De nouveaux objets…
Pour 70 % des Français et 80 % des médecins, la santé connectée est ressentie comme une évolution positive. Les objets connectés envahissent d’ailleurs peu à peu notre quotidien. Une brosse à dent intelligente qui optimise le brossage ; un capteur de mauvaise position au bas du dos ; un oreiller anti-ronflements, un pèse-personne qui conseille sur le choix des vêtements en fonction de la météo… Les exemples sont nombreux.
Bientôt, la cafetière sera synchronisée avec votre fin de sommeil pour vous préparer un café tout chaud au saut du lit ! Selon les sources, entre 20 et 40 % des Français utiliseraient déjà un service ou un objet bien-être. Ainsi, lampes de luminothérapies et bracelets/montres d’activité restent très populaires au moment des fêtes de fin d’année, et pas seulement pour les sportifs !
… pour des patients impliqués !
S’approprier sa santé et se sentir mieux: voilà les raisons principales du succès de ces objets bien-être. Le patient, qui accède à une grande quantité d’information sur internet, est aujourd’hui plus actif et moins « patient » que par le passé : il veut maitriser son bien-être et prendre le contrôle de sa santé. Il n’hésite plus à « challenger» l’expertise du professionnel de santé. Loin d’être un danger, la fameuse médecine sans médecin, ces comportements mettent en avant un besoin de proximité, de réassurance et de communication exprimé par les patients et auxquels les médecins doivent répondre.
Il s’agit d’une chance à saisir pour améliorer la prévention, l’observance et l’interaction entre le médecin et le patient connecté. À la condition que le médecin soit impliqué et s’implique lui-même dans ces dispositifs de médiation médicale.
Bon à savoir
Le plus populaire des docteurs français, Michel CYMES, collabore actuellement avec une grande mutuelle pour promouvoir les bienfaits de la santé connectée à travers des conférences en province. Il promeut, entre autres, l’application de coaching santé Betterise à laquelle il a collaboré.
Quand les animaux sont vecteurs de bien-être
Les animaux de compagnie nous font du bien, tous les propriétaires le savent. Mais au-delà de leur affection et de leur présence réconfortante, ils peuvent également apporter une véritable aide médicale dans certains domaines. Le plus connu est sans doute celui de la médiation animale.
83% des français croient à la pertinence de la médiation animale en accompagnement d’une thérapie*. Ce domaine d’activité est en plein développement. L’état mental et physique d’enfants atteints de troubles du spectre autistique est parfois considérablement amélioré suite au travail avec un chien ou un cheval.
Outre ces chiens d’assistance, les chiens d’alerte sont aujourd’hui à l’honneur. Ils peuvent mettre à profit leur formidable odorat au service de la santé humaine. Ainsi, des chercheurs se sont intéressés aux capacités olfactives des chiens appliquées à la détection de cancers, sachant que les malades du cancer rejettent dans leur souffle, leurs urines ou via leur peau des substances volatiles particulières. Après un entraînement spécifique visant à « sentir » la différence entre l’odeur de personnes atteintes de cancers et celle de personnes non malades, les chiens sont capables de dépister avec exactitude la présence de certains cancers (mélanomes, cancers de la vessie, du poumon ou du sein) chez des inconnus.
Les chiens ont également prouvé leur aptitude à détecter les premiers signes d’une crise d’épilepsie ou d’une hypoglycémie chez les diabétiques. Qu’ils soient de travail, de compagnie ou infirmiers, nos animaux n’ont pas fini de nous surprendre !
*Sondage Opinionway pour DogFidelity et AssurOPoil de janvier 2016
Interview du mois
Être bien, un état d’esprit
Une interview de Stéphane Houdet, c’est une dose de bien-être et d’inspiration ! MSD Mag vous invite à découvrir un peu mieux cet homme d’exception.
Pouvez-vous nous en dire plus sur votre parcours ?
Stéphane Houdet : Diplômé de l’Ecole Vétérinaire de Nantes en 1995, j’entame un tour de France des remplacements à la sortie de l’école. En 1996, un accident de moto me prive de l’usage de mon genou gauche, et m’oblige aussi à changer d’activité : je passe de la mixte rurale à la canine pure. Je change aussi de sujet de thèse, passant des aplombs des bovins au thème de la création d’une clinique canine. J’ai exercé pendant 9 ans, de 1998 à 2007, avant de me consacrer au sport à plein temps, d’abord au golf, puis au tennis.
Aujourd’hui, en plus de mes activités sportives, j’interviens au Ministère de la Défense sur le projet de reconstruction par le sport de nos soldats blessés mais aussi de tout le personnel civil du Ministère.
Je reviens également par petites touches dans le milieu vétérinaire, je suis parrain de l’Association de Protection des Vétérinaires, et j’envisage de travailler avec Dominique Grandjean autour de ses activités avec les chiens de traineaux et les chiens renifleurs, qui sont de plus en plus utilisés dans le dépistage de certains cancers.
J’ai toujours été proche du milieu vétérinaire, j’ai perdu un peu le contact, mais les vétérinaires m’ont toujours suivi, et le corporatisme est très important pour moi.
Si vous deviez définir ce qu’est le bien-être pour vous, ce serait quoi ?
Stéphane Houdet : Le bien-être pour moi, c’est la somme des instants de plaisirs partagés, c’est construire des relations sociales, échanger, partager, transmettre. Il est scientifiquement démontré que les gens qui partagent vivent plus longtemps et plus heureux !
Je vous invite d’ailleurs à visionner cette vidéo sur le sujet :https://youtu.be/q-7zAkwAOYg
Le bien-être, c’est aussi ce qui va se passer demain : quand on est engagé dans ce qu’on fait, qu’on a la foi en quelque chose, que ce soit une entreprise, un sport, une religion, et qu’on se donne tout entier dans l’accomplissement de ce en quoi on croit, alors on est en phase avec soi-même et on accède au bien-être, à la sérénité.
Vos succès aux Jeux Paralympiques ont-ils été source de bien-être ?
S. Houdet : Le succès en lui-même n’est pas source de bien-être. Ce qui procure un sentiment de bien-être, c’est l’engagement qu’on met à bien faire les choses. Ce qui est important c’est le chemin pour parvenir à la performance, pas la performance en elle-même. Il n’y a que peu de différence entre celui qui gagne et celui qui échoue, les deux adversaires sont là pour donner le meilleur d’eux-mêmes.
On parle des échecs ou des grandes victoires, mais pas beaucoup de toutes les initiatives au quotidien qui nous rendent heureux. Or, le bien-être c’est ça, ce sont des rencontres, du partage, de l’engagement. Le résultat, c’est la cerise sur le gâteau, mais c’est éphémère. Je fais le parallèle avec le vétérinaire : c’est pareil pour lui ! Quand tu es vétérinaire, tu ne peux pas t’arrêter sur tes échecs, tu as toujours un client qui attend dans ta salle d’attente, tu dois continuer. Finalement c’est ça le point commun : la rencontre, l’échange.
Y a-t-il des « trucs » pour atteindre et développer le bien-être autour de soi ?
S. Houdet : Je crois que pour se sentir bien, il faut être à sa place, ici et maintenant. En entreprise, il s’agit de créer un environnement propice aux échanges et que chacun comprenne son rôle. Cela signifie responsabiliser ses collaborateurs et leur demander de s’engager. Il faut redonner une place à l’humain, au partage.
C’est aussi pour ça que je crois profondément à l’esprit confraternel. C’est un engagement pour les autres. Quand j’ai eu mon accident, on m’a aidé à dépasser mon handicap pour me projeter dans un après possible. Aujourd’hui, j’ai le sentiment d’avoir une sorte de contrat moral, c’est à moi de porter ce message à mon tour : chacun a le pouvoir de décider que, ce qui se passera demain pour lui, sera positif.
Qu’est-ce qui vous rend heureux aujourd’hui ?
S. Houdet : D’avoir la chance de me réveiller le matin, en bonne santé, sans douleur. Ca suffit.
Pour en savoir plus sur le palmarès de Stéphane Houdet, consultez son site : http://stephanehoudet.jimdo.com/résultats/palmarès/Stéphane Houdet, un palmarès impressionnant
Après son accident en 1996, Stéphane Houdet se met au golf et devient vite le N°1 français et européen en catégorie handisport. En 2004, il se fait amputer de la jambe et se lance dans une carrière de tennisman.
Stéphane Houdet est médaillé d’or en tennis fauteuil aux Jeux Paralympiques d’été de 2008 à Pékin et d’argent et de bronze aux Jeux paralympiques d’été à Londres. Il s’est incliné pour le bronze aux Jeux de Rio de 2016 et a eu l’or en double !
Stéphane Houdet a été élevé au grade d’officier dans l’ordre national du Mérite par un décret du 30 novembre.
« Aujourd’hui, j’ai le sentiment d’avoir une sorte de contrat moral, c’est à moi de porter ce message à mon tour : chacun a le pouvoir de décider que ce qui se passera demain pour lui, sera positif. »