Féminiser l’exercice professionnel

Quel paysage vétérinaire pour les femmes en France ?

En 2022, 11 540 femmes sur 20 197 vétérinaires sont enregistrées en France.

En 1970, elles ne représentaient que 14% des vétérinaires. Aujourd’hui, 52% exercent en canine, 21% en mixte, 15% exclusivement en rurale et 6% d’entre elles occupent un poste dans la recherche, le commerce ou l’enseignement.

Les préjugés ont la peau dure sur les choix de carrière : en rurale, 71% des étudiantes pensent que les femmes ont plus de mal que les hommes à se faire accepter par les agriculteurs.

Bien qu’elles soient majoritaires dans la profession, il existe un décalage avec la répartition dans les postes des instances professionnelles. Au Syndicat National des Vétérinaires d’Exercice Libéral, 4 femmes sur 15 hommes sont présentes dans le bureau. En matière de rémunération, les hommes vétérinaires gagnent en moyenne 9,3% de plus que leurs homologues féminins.

Les femmes sont plus soumises au stress dans leur vie professionnelle également à cause du temps qu’elles passent sur les obligations dans la sphère privée (tâches ménagères, vie de famille à organiser). Un sondage réalisé par Young Women’s Trust révèle que :

  • 25% des femmes seraient victimes de harcèlement au travail mais seulement 8% le signalent ;
  • 31 % des femmes disent avoir été victimes de discrimination fondée sur le sexe lors de la recherche d’emploi ;
  • 40 % déclarent subir des discriminations à cause de leur grossesse ;
  • 52 % rapportent que les discriminations au travail et dans leur vie professionnelle ont un impact négatif sur la santé mentale.

Des changements pour un quotidien plus serein au féminin

Il est possible d’adapter les structures vétérinaires à celles qui y travaillent au quotidien, des solutions sont possibles :

  • Organisationnel :
    • Repenser les plannings de manière à proposer des horaires flexibles ou des tranches horaires qui se chevauchent entre collègues pour pouvoir être libérée plus tôt ;
    • Eviter les réunions tardives en soirée qui empiètent sur la vie personnelle, adapter les postes pour réduire la fatigue et le stress lors d’une grossesse (télétravail pour les tâches qui ne nécessitent pas d’être présente) .
    • Faire preuve d’adaptabilité est un vrai confort de travail pour votre équipe.
  • Egoboost et confiance : Selon le Women’s Confident Report, la confiance en soi des femmes est plutôt faible. Booster la confiance de vos collègues peut se faire de multiples façons :
  • Être une “safe place” : Une “safe place” est un lieu où toutes les personnes peuvent se retrouver et échanger avec la certitude qu’elles n’auront pas à subir de réflexions déplacées. Vos collègues féminines doivent pouvoir se sentir en sécurité et épaulées. Il est primordial de veiller à ce que les remarques sexistes et discriminatoires n’aient pas leur place dans l’environnement de travail : en interne avec l’équipe ou en externe avec les clients.

Pour aller plus loin et imaginer un travail totalement adapté à une profession féminisée à 80%

Comment créer un espace de travail “human friendly” donc “women friendly” ? Voici un bel exemple en France par la mairie de Saint-Ouen : l’instauration d’un congé menstruel et d’un aménagement du temps de travail pour les employés de la municipalité.

Des entreprises tendent vers ce modèle :

  • Une participation aux frais de garde des enfants comme la Clinique Vétérinaire 38,5 à Épinal avec une crèche présente dans le bâtiment et des places réservées pour le personnel ;
  • Une adaptation du mobilier : mettre un lavabo dans les toilettes peut être très utile en cas d’urgence pour nettoyer sa cup menstruelle (une alternative aux protections hygiéniques). En effet, 9% des femmes dans la tranche 25-35 ans utilisent une cup en France ! Soit près d’une collaboratrice potentielle sur 10 ;
  • Mettre à disposition des protections hygiéniques et médicaments anti-douleurs ;
  • Préparer le départ et le retour de congé maternité avec des entretiens spécifiques, pour une reprise du travail en douceur.

A l’heure où le recrutement est complexe, tenez compte du fait que la profession féminisée et/ou les jeunes générations ont des envies différentes en matière de bien-être au travail et de considération.

A vous d’être capable de suivre ces évolutions ou d’être avant-gardiste pour améliorer votre marque employeur et donc votre attractivité !

Et vous, êtes-vous prêt(e) à mettre une des mesures évoquées en place au sein de votre établissement ?

Amandine Raillot

Sources

“Pourquoi les femmes vétérinaires sont-elles plus stressées que leurs confrères ?” La Dépêche Vétérinaire, octobre 2020

Salaires : les hommes gagnent en moyenne 9,3 % de plus que les femmes dans le secteur vétérinaire” La Dépêche Vétérinaire, janvier 2023

Etude Young Women’s Trust

Site du gouvernement sur les produits d’hygiène féminine

Rapport de l’Ordre vétérinaire 2021

GP-FR-NON-230600016