Maladies porcines : prévenir et soigner

Le porc

C’est un animal vulnérable qui peut, à chaque étape de son développement, être touché par de nombreuses maladies pouvant dégrader sa croissance et ses conditions de vie.

Il est donc important de connaître et savoir détecter ces différentes infections afin de les soigner et les prévenir au mieux.

Retrouvez ci-dessous tous les détails à propos de l’iléite porcine, la circovirose porcine, le SDRP, la mycoplasmose respiratoire du porc.

L’iléite du porc, appelée aussi entéropathie proliférative porcine, est une maladie digestive infectieuse majeure du porc en croissance, très répandue et à l’origine de pertes économiques considérables en élevage.

Une expression diverse

La maladie s’exprime sous 3 formes distinctes :

Une forme subclinique (adénopathie intestinale porcine), la plus répandue, affectant les porcs de 6 à 20 semaines, entrainant une diminution des performances (Gain Moyen Quotidien, Indice de Consommation), sans signes systématiques de diarrhée.

Une forme clinique chronique (entérite nécrotique), également sur le porc en croissance, caractérisée par une diarrhée grise.

Une forme aiguë (entéropathie proliférative hémorragique), touchant les jeunes adultes (4 à 12 mois), avec des signes d’intensité variable : faiblesse généralisée, pâleur des muqueuses, diarrhée hémorragique avec selles noires, voire mortalité rapide (jusqu’à 50 % des animaux).

Une bactérie responsable

Lawsonia intracellularis est une bactérie qui pénètre et se multiplie dans les cellules des parois de l’intestin, résultant en un épaississement de la muqueuse intestinale et un phénomène de malabsorption.

Une maladie très contagieuse

La contamination est orale et l’infection se transmet essentiellement par les fèces (sur une durée allant jusqu’à 12 semaines).

L’absence de mesures de biosécurité, la surcharge, les déplacements et les mélanges fréquents d’animaux dès leur plus jeune âge, le mode de conduite alimentaire des porcs sont autant de facteurs associés à l’infection des animaux par Lawsonia intracellularis.

Le diagnostic

Les méthodes sont : l’examen clinique, l’autopsie (lésions intestinales), l’histologie (paroi intestinale), la recherche du génome (ADN de la bactérie) et / ou d’anticorps par PCR et/ou sérologie.

Dans le cas de formes subcliniques, il est intéressant de combiner ces deux méthodes afin d’explorer précisément la dynamique d’infection.

Des conséquences économiques importantes

L’iléite affecte 90 % des élevages. Les pertes économiques sur la phase de croissance se chiffrent entre 5 et 15 € par porc.

Un contrôle efficace par la vaccination

La lutte contre l’infection peut se réaliser par :

  • Des traitements antibiotiques : ils doivent être uniquement prescrits pour un usage curatif, avec des résultats variables (formes aiguës) et des risques de développement de résistance (traitements longs).
  • Des mesures d’hygiène et de biosécurité : respect des procédures du « tout plein/tout vide », minimiser les stress, transition alimentaire en début d’engraissement, …
  • La vaccination : c’est la méthode de protection adaptée pour lutter contre l’iléite. Pratiquée aux alentours du sevrage, elle offre une protection à long terme des porcs, avec un bon retour sur investissement pour l’éleveur.

Nos vidéos à propos de l’iléite porcine

La circovirose de type 2 est une infection virale très répandue dans les élevages porcins, se manifestant sous une forme clinique ou subclinique essentiellement chez le porc après sevrage.

Un virus immunodépresseur

Il existe 3 types de Circovirus porcin (PCV), dont le type 2 qui est le plus répandu à travers le monde. Il s’attaque au système immunitaire du porc.

Une forme subclinique prédominante

Les maladies associées à l’infection par le PCV2 peuvent être distinguées en :

  • Des formes cliniques : la forme dite « systémique » (MAP = Maladie d’Amaigrissement du Porcelet) s’exprime chez le porc sevré sous forme de retard de croissance, dépérissement, anémie et ictère, hypertrophie ganglionnaire ; la forme reproductive se manifeste par des avortements tardifs chez les truies et de la mortinatalité.
  • Une forme subclinique : la plus répandue en élevage avec des retards de croissance, de l’hétérogénéité et une mortalité un peu élevée.

Le PCV2 est un des agents du Complexe Respiratoire Porcin (CRP), en association avec d’autres virus (SDRP) et Mycoplasma hyopneumoniae.

Une transmission par contact

Les animaux se contaminent par contact direct. De nombreuses voies de contamination sont décrites via les sécrétions nasales, oculaires ou bronchiques, l’urine, les fèces mais aussi la semence (verrats).

Un impact économique considérable

C’est une des maladies du porc les plus coûteuses pour les producteurs, avec le SDRP et l’infection à Mycoplasma hyopneumoniae. Les pertes économiques peuvent atteindre 18 € par porc*.

Un diagnostic parfois difficile

Pour la forme systémique, la clinique (dépérissement) et l’autopsie (pâleur des muqueuses, hypertrophie des ganglions et de la rate) orientent le diagnostic. La recherche du génome (ADN du virus) ou des anticorps (sérologie) peut être réalisée pour le diagnostic d’une forme subclinique.

Une lutte basée sur la biosécurité et la vaccination

Le contrôle de la maladie passe par :

  • Des mesures sanitaires : isolement des porcs malades, procédures strictes de désinfection, limitation des stress (densité, ventilation et température), contrôle des autres infections concomitantes (SDRP notamment).
  • La vaccination : les vaccins destinés au porc en croissance s’utilisent souvent dès le jeune âge et permettent de réduire la mortalité, le nombre de porcelets chétifs, d’augmenter le croissance et l’homogénéité des lots, de diminuer l’indice de consommation.

    La vaccination des reproducteurs permet de lutter contre les manifestations de la sphère reproductrice et de transmettre une immunité passive aux porcelets.*

*Circovirose : Thacker B. 2013; Merck Animal Health Technical Services Bulletin.

Le Syndrome Dysgénésique Respiratoire Porcin (SDRP)

Le Syndrome Dysgénésique Respiratoire Porcin (SDRP) est une maladie virale contagieuse, à fort impact économique dans les élevages. Le virus du SDRP s’attaque au système immunitaire du porc.

Il est fréquent dans de nombreuses régions fortes productrices.

Il favorise également d’autres infections, notamment par le Circovirus ou le Mycoplasme (Complexe Respiratoire Porcin).

Difficile à identifier, la maladie peut occasionner un ensemble de symptômes plutôt variés, perturbant la reproduction des truies et la viabilité des porcelets nouveau-nés, ou se traduisant par des troubles respiratoires chez les porcs en croissance avec une dégradation de la conversion alimentaire, des croissances et du taux de pertes.

La maladie est parfois grave, mais le plus souvent insidieuse en abaissant les défenses naturelles des animaux avec des conséquences économiques importantes. Elle est présente dans le monde entier, en France et en particulier en Bretagne.

Les signes cliniques du SDRP

Les signes cliniques du SDRP varient selon les élevages et les ateliers :

  • troubles de la reproduction chez les truies ;
  • mortinatalité, momification, mortalité sous la mère pour les porcelets ;
  • syndrôme grippal avec fièvre, mortalité et dégradation des performances chez les porcs charcutiers.

L’impact zootechnique et sanitaire de la maladie peut représenter, selon les stades affectés, un coût de 6 à 19 € par porc produit, ou 100 à 300 € par truie et par an*.

La lutte contre la maladie passe par des mesures au niveau de la conduite d’élevage et de la biosécurité ainsi que par la mise en place d’une vaccination.

La transmission du SDRP

Le virus à l’origine du SDRP ne se multiplie que chez les suidés (porcs, sangliers, etc…). Ces derniers seront donc la cause de la transmission de la maladie par contacts directs entre animaux. Mais le virus peut aussi être transmis par des objets contaminés au contact des animaux. Des personnes peuvent encore le transporter, au niveau des vêtements ou des mains par exemple, de même que des mouches, des rongeurs ou des animaux familiers. Enfin, l’air peut aussi véhiculer ce virus, surtout par temps froid et humide.

De très faibles quantités de virus suffisent à infecter des animaux par certaines voies. C’est le cas chaque fois que la barrière de la peau est franchie, donc en particulier lors d’injections. Un animal a très souvent du virus dans le sang. À l’occasion d’une injection, l’aiguille se trouve souillée, et lorsqu’elle est utilisée pour un autre animal, elle transporte une quantité de virus suffisante pour l’infecter à son tour.

*SDRP : GDS Mayenne. 29/03/2009; présentation réunion de Section Porcine sur le SDRP.

L’infection à Mycoplasma hyopneumoniae

Appelée également pneumonie enzootique, c’est une maladie respiratoire très répandue dans les élevages.

Elle touche le porc en croissance et est à l’origine de pertes économiques majeures dans la filière porcine.

L’agent responsable

Mycoplasma hyopneumoniae est un agent pathogène primaire, qui s’attaque à l’appareil ciliaire des voies respiratoires, diminuant ainsi les défenses locales du porc au niveau pulmonaire et favorisant une surinfection par des bactéries et des virus.

Toux et baisse des performances

Les porcs infectés (post-sevrage et engraissement) développent une toux chronique, quinteuse, sans fièvre, associée à des baisses de performances (hétérogénéité, retard de croissance, augmentation de l’indice de consommation). Les signes respiratoires peuvent persister pendant plusieurs semaines.

En élevage, le mycoplasme est souvent associé à des bactéries et virus (à travers le Complexe Respiratoire Porcin), avec une aggravation des symptômes, allant d’une pneumonie aggravée jusqu’à la mortalité.

Une transmission directe

Les animaux se contaminent généralement par contact direct, par voie aérienne. La transmission verticale est aussi possible, de la truie vers ses porcelets. Enfin, il existe des animaux porteurs, n’exprimant pas la maladie, mais pouvant infecter leurs congénères.

L’impact des baisses de croissance

Le coût de la maladie est lié aux dégradations des performances, aux coûts des traitements, voire à la mortalité liée aux complications par d’autres agents pathogènes. Pour une infection à Mycoplasma hyopneumoniae seul, on peut observer une diminution de 6 à 16 % du gain moyen quotidien sur le porc en engraissement1.

Des lésions caractéristiques

L’autopsie du porc malade permet de visualiser des lésions de pneumonie « grise » avec une diminution de volume des lobes (surtout les lobes apicaux).

Des tests en laboratoire permettent d’isoler le Mycoplasme et de caractériser une réponse immunitaire (anticorps).

Développer une approche vaccinale

Les moyens de lutte sont :

  • Les traitements antibiotiques : ils peuvent permettre de traiter individuellement des animaux très atteints au niveau respiratoire. La prescription d’antibiotiques par voie orale, réalisée sur une longue durée, ne permet pas d’éradiquer la maladie et peut mener à l’apparition de résistances.
  • Des mesures sanitaires : appliquer des mesures strictes de désinfection, une conduite en bandes rigoureuse ; éviter l’introduction de porcins infectés (cochettes) et les mélanges de porcs ; contrôler l’ambiance (ventilation).
  • La vaccination : essentiellement avec des vaccins inactivés utilisables chez le porcelet sous la mère, elle permet de réduire les signes cliniques et les lésions pulmonaires, d’améliorer les performances et de réduire la pression d’infection dans l’élevage.

Références bibliographiques

  • 1 Maes D. et al, Transbound Emerg Dis. 2018; 65 (Suppl. 1): 110–124.
  • Iléite : Arnold M. et al. Porcine Health Management. 2019; 5: 31. Holtkamp D. Porcilis Lawsonia. 2019; Website https://www.lawsonia.net/ MSD Animal H
  • Pneumonie enzootique : Maes D. et al, Transbound Emerg Dis. 2018; 65 (Suppl. 1): 110–124.

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