Le réchauffement climatique et son impact sur la leishmaniose
En France, la zone d’endémie de leishmaniose canine n’a cessé de progresser vers le Sud-Ouest et vers le Centre. Cette expansion est associée à celle des températures minimales au printemps et en automne dans la moitié Sud du pays.
Le changement climatique en métropole se caractérise par la hausse des températures moyennes, la diminution du nombre de jours de gel et par des vagues de chaleur plus fréquentes et intenses1. Sur la période 1959-2009, on observe une tendance de +0.3°C par décennie pour la température moyenne annuelle1.
Le réchauffement climatique peut favoriser l’expansion de parasites et maladies, dont les phlébotomes et la leishmaniose. En France, cette maladie atteint environ 10 000 chiens et 15 personnes, par an2,3. C’est dans la moitié Sud du Pays que Leishmania infantum complète son cycle de vie grâce à de nombreux de mammifères réservoir et au phlébotome. Cet insecte est actif à partir de 10°C, dans les régions où la température dépasse 15.6°C pendant au moins trois mois par an4. Historiquement, la saison d’activité des phlébotomes s’étend entre juin et septembre, mais lors d’années chaudes elle peut s’étendre entre mars et novembre.
Pour estimer l’impact du réchauffement climatique sur les phlébotomes et le risque d’expansion de la leishmaniose, nous avons répertorié les températures minimales pour l’année, le printemps et l’automne depuis 1959 dans la moitié Sud du Pays1. On peut y observer des évolutions par décennie jusqu’à +0.4°C (2°C en 50 ans) au printemps, et jusqu’à +0.3°C pour l’année, et en automne. Ces conditions plus douces permettent aux phlébotomes d’être plus nombreux, d’être actifs plus longtemps, et de transmettre L. infantum à plus de chiens. L’expansion de la leishmaniose canine a d’ailleurs été confirmée dans le Sud-Ouest et le Centre du pays2.
On peut conclure que la leishmaniose a certainement profité du réchauffement climatique pour se répandre en France. Si la lutte multimodale n’est pas renforcée, cette maladie pourrait continuer son expansion grâce à des phlébotomes actifs sur une plus grande période de l’année et présents sur davantage de territoires.
1 http://www.meteofrance.fr/climat-passe-et-futur/climathd
2 Canine Generalized Leishmaniosis in France: Distribution and Dynamics: 4th National survey with veterinary clinics. P. BOURDEAU, C. ROUX,.C.DOUINE., F. CARREZ, L. IMPARATO, M. HILARY. Unit DPM – Dept. Clin. Sci. – Veterinary School Nantes – ONIRIS – Univ. Nantes – France. 2019
3 https://cnr-leish.edu.umontpellier.fr/declaration-de-cas/
4 Lawyer PG, Perkins PV. Leishmaniasis and Trypanosomiasis. In: Eldridge BF, Edman JD, editors. Medical Entomology. Dordrecht: Kluwer Academic Publishers; 2000.
GP-FR-NON-210300035